La vie sociale est aussi faite de mots et de discours. Et les débats portant sur les mots sont une voie d’accès au sens. Pas au sens du mot tel qu’il serait présenté dans un dictionnaire, mais au sens « réel » du mot tel que les locuteurs l’utilisent pour argumenter, tel qu’ils l’actualisent.
Ces querelles sont particulièrement récurrentes sur un sujet sensible comme celui de la migration. Par exemple, la controverse autour des dénominations migrant ou réfugié a le mérite d’attirer l’attention de l’opinion publique sur une question sociale et politique primordiale. Mais elle pose la question de manière binaire selon la logique d’un « ou » exclusif – migrant ou bien réfugié ? – et laisse penser que les mots seraient de simples étiquettes qu’on apposerait sur le réel : il suffirait de trouver la bonne. Or, c’est faux : si l’utilisation des mots semble bien souvent transparente, elle construit la perception que l’on a du monde…
