Nous sommes à un moment de notre histoire où nous savons que l’orientation prise par
la société amène vers des lendemains malheureux, et pourtant nous nous sentons
collectivement impuissants à en infléchir la course.
Et ceci, alors même que nous ne sommes pas ficelés dans une dictature mais vivons
dans un État démocratique, c’est-à-dire en lequel on peut au moins débattre du bien
commun et choisir ses gouvernants.
Comment comprendre que le peuple, dont il est dit dans notre Constitution (art.2) : « le
gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple », se laisse conduire vers une
situation dont il sait qu’elle ne peut qu’additionner les désastres ? Et ceci malgré l’exemple
de belles volontés, manifestées dans de nombreux mouvements de protestation et de
dissidence, pour aller vers une société humainement désirable.
C’est ce phénomène historique d’impuissance commune que nous proposons de mettre
en débat.
La question qui est proposée est un enjeu essentiel de notre présent. Mais parce qu’elle
est passionnante, nous prendrons garde de ne pas nous enferrer dans le négatif, c’est-à-dire dans la récrimination sans fin à l’encontre d’un ou de plusieurs.
Ce que nous ambitionnons c’est, ensemble, d’essayer mieux comprendre comment on a
pu en arriver à cette situation d’impasse. Quels sont les mécanismes sociaux, les relations à autrui, mais aussi à soi-même, qui ont amené à cette impuissance.
Pour cela nous serons aussi attentifs à la clarté des mots que nous partagerons, même
si ‒ surtout si ‒ ils sont fortement investis socialement : liberté, peuple, démocratie, …
Comme disait Spinoza : « Ni pleurer, ni rire, ni maudire, mais comprendre ! »
Car comprendre une situation qui paraît bloquée, n’est-ce pas la seule voie pour
recouvrer sa puissance d’agir sur cette situation ?