La Constitution qui régit notre droit édicte comme principe « le gouvernement du peuple,
par le peuple et pour le peuple. » (article 2). Mais qui est-il ce peuple souverain ?
On serait tenté de répondre : c’est nous tous qui avons une carte d’identité nationale !
Mais les immigrés qui travaillent parmi nous depuis de nombreuses années sans être
naturalisés n’en feraient pas partie ? Et les puissants affairistes qui délocalisent leur siège social pour ne pas payer d’impôts en feraient partie ?
Si peuple il y a, il trouve sa vraie légitimité bien en deçà de la possession d’un papier
officiel. Il la trouve dans l’histoire.
L’idée moderne de peuple s’est formée dans la période révolutionnaire pour nommer
l’agent décisif de cette transformation historique de l’Occident à la fin du XVIII e siècle, quand les sociétés ont tourné le dos à une stratification sociale immuable selon les lignées de sang.
Qui était-il ce peuple ainsi surgi sur le devant de la scène ? Que sont devenus ses descendants ? Ont-ils perdu le sens de cette appartenance ou est-elle encore présente ? De
manière active ou latente ? Qu’est-ce qui en ferait la substance ?
