Notre vie n’est-elle pas envahie d’absurdités ?
Vivre n’est-ce pas essentiellement vouloir continuer à vivre en exprimant le plus possible son énergie dans le monde ? Et cette entreprise n’est-elle pas vouée à l’échec ?
Mais, même si l’on oublie quelque temps notre condition de mortel, ne retrouve-t-on pas dans le monde une prolifération de comportements absurdes ?
On peut, entre mille exemples, évoquer le soin quotidien du tri sélectif de beaucoup d’entre nous, alors qu’une totale latitude est laissée au majors de l’économie pour l’organisation industrielle à grande échelle du gaspillage de l’énergie et des matières premières.
Au moins pouvons-nous reconnaître dans nos indignations devant les absurdités que le besoin de sens fait partie intégrante de l’âme humaine.
Mais du besoin universel de sens on ne peut pas conclure à l’existence du sens. Nombreux ont été les désillusionnés de ces doctrines, tel le marxisme, qui prétendent nous donner le sens de l’histoire.
Et l’on est bien obligé d’apporter un certain crédit au mouvement de pensée qui, au siècle dernier, a théorisé l’absurdité métaphysique : il s’agit de l’idée que l’absurdité serait à la racine de l’ordre des choses, et que, pour cela, elle ne saurait être conjurée.
Mais que faire de notre vie si tous les sens qu’on peut lui donner sont illusoires ? N’est-ce pas la porte ouverte à toutes les aberrations ? Ce renoncement au sens n’est-il pas constitutif de la crise de notre civilisation occidentale désormais mondialisée ?
